Cet article participe au rendez-vous mensuel
« Mots éparpillés »
de Margarida Llabres et Florence Gindre,
projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist.
"Ne réponds pas consent-il?"
J'ai ouvert la fenêtre, vu sur le mur d'en face ce message sybillin. Je vois chaque jour des signes, des panneaux publicitaires et autres dont l'orthographe ou la grammaire me font grincer des dents. Et puis parfois, certains me font sourire, quand le message, faute de ponctuation, devient ambigu. J'imagine, donc, ce que l'auteur n'a PAS voulu exprimer...
Et ce matin, c'est le "s" de "réponds" qui me taraude. Si encore nous avions "Ne répond pas, consent-il?" j'y aurais vu le questionnement de l'expression "Qui ne dit mot, consent".
Mais le "s" me chiffonne, me titille, me pique, me pousse à imaginer autre chose. Me demande de trouver une réponse, justement. Tout en m'ordonnant de ne pas y répondre, mais me posant tout de même la question - comment donc puis-je répondre à la question, sans y répondre?
Au delà de la faute de grammaire, peut-on y voir un lapsus révélateur, de la part de l'auteur, qui se doit de poser la question (consent-il?) mais en réalité ne veut pas connaître la réponse (ne réponds pas!).
Pourquoi? Angoisse? Espoir? Impatience? Désespoir?
C'est comme quand on attend les résultats d'un examen, en sachant que quelle que soit la réponse, notre vie ne sera plus la même, que tout basculera, d'une façon ou d'une autre. Que nous ne ressortirons ni de l'expérience, ni de l'examen, ni de l'attente, totalement indemnes.
Ce qui m'amène à me demander, quelque part, ce qui a basculé dans la vie du graffiteur.