Cet article participe au rendez-vous mensuel « Mots éparpillés » de Margarida Llabres et Florence Gindre, projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist.
On était venus pour se reposer.
Le voyage s'était bien déroulé, la voiture attendait à l'aéroport. On n'avait qu'une hâte, arriver à l'appart, se poser, prendre une douche, descendre au café pour un en-cas, flâner dans le quartier, prendre nos repères avant d'aller à la supérette acheter de quoi pour le petit déjeuner. Repérer un restau sympa, nous avions la liste que nous avait donnée l'agence, avec le plan de la ville.
Ted se remettait lentement de son opération, et le médecin avait suggéré une ou deux semaines au soleil, maintenant qu'il n'avait plus de plâtre et se débrouillait relativement mieux avec les béquilles. Tara à l'agence de voyage nous avait trouvé facilement, hors saison, ce qui semblait être l'idéal : un appartement au cinquième étage, ascenceur, centre ville. Vue sur la mer. Assez haut pour ne pas avoir les bruits de la circulation. Pas d'hôtel, pour ne pas avoir la pression des repas à heures fixes. Bien sûr le vol était à des heures indues: départ à 6 heures du matin, ce qui nous avait fait quitter la maison à trois heures du matin, et nous faisait arriver à l'appart vers les onze heures. Epuisés, surtout Ted. Moi aussi, de devoir conduire, une voiture de location, et du mauvais côté.
Elle était bien gentille et bien obligeante, Tara, de l'agence de voyages. Mais dans tous ses renseignements, il n'en manquait qu'un seul. Elle nous avait bien dit qu'il y avait un marché, le matin de notre arrivée. Une fois dans le quartier, à deux cents mètres de l'immeuble, nous avons découvert que la municipalité avait créé un nouveau sens au mot matin. Nous ne pouvions pas accéder au parking de l'immeuble. Pas avant minuit.