Cet article participe au rendez-vous mensuel « Mots éparpillés » de Margarida Llabres et Florence Gindre, projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist.
Chacun a tiré de la boîte son petit papier, chacun a lu son petit papier, et la présidente du jour a noté chaque sujet à débattre pour la session suivante.
Ariane s'est inscrite au groupe de discussion dans l'espoir de vaincre sa timidité maladive, et de pouvoir, comme les autres, donner son opinion sur tout et n'importe quoi sans rougir et balbutier comme une gamine.
-"Ariane, ton sujet?" demande la présidente.
Ariane prend une profonde inspiration, et lâche: "Le porno!" Elle voudrait que le sol s'ouvre et l'engloutisse, mais c'est la règle du jeu. Il faudra qu'elle prépare sa discussion. Il y a bien quelques membres qui proposent d'échanger avec elle, contre "La piété", "Les requins" ou "l'art asiatique". Elle refuse la voie de la facilité.
Ariane rentre chez elle à pied, histoire de s'aérer un peu, de remettre de l'ordre dans ses idées. De respirer un bol d'air frais, ou plutôt, dans ce quartier, de pollution fraîche... En quête désespérée d'inspiration, elle regarde pour la première fois avec intérêt les graffitis, plus ou moins obscènes qui jalonnent les rues. Des mots, des images, de l'art de rue qui joue sur les mots. Et au pied du mur, près du vieux gymnase, "Le porno est le bêtisier du désir". Eurêka! Elle a trouvé un fil conducteur auquel elle pourra s'accrocher. Pour être sûre tout de même, elle ira vérifier le sens de "bêtisier"...