Dans la tradition celte, le premier jour de novembre, jour de tous les saints, est aussi le premier jour de l'hiver.
Certaines célébrations étaient donc associées au départ de l'automne le 31 octobre. Ce soir-là selon le folklore, le monde des invisibles, c'est à dire les fées -bonnes et mauvaises- et les esprits des morts devenaient actifs et pouvaient se mêler des affaires des vivants. Le 31 octobre marquait la fin des récoltes, et les esprits étaient supposés passser la nuit à visiter les champs, et de leur souffle, pourrir tous les fruits qui n'avaient pas été cueillis. (une légende est celle du púca, un gros cochon noir, qui souffle (ou pire..!) sur les fruits.... je me demande si on n'a pas confondu, avec le loup et les petits cochons...) Par conséquent on interdisait aux enfants de toucher aux fruits encore visibles, de crainte que la malédiction ne les emporte.
Pour pacifier ces esprits visiteurs, on leur laissait des offrandes, soit au potager, une petite parcelle de pomme de terre ou de maïs, ou près de la porte, un bol d'eau. On espérait ainsi s'attirer les bonnes grâces des esprits.
Les coutumes et les légendes varient un peu selon les régions, mais ont toutes ceci en commun: une grande célébration, et des histoires de fantômes. La nuit du 31 octobre est une nuit de transitions, ou les deux mondes s'entrevoient et se mêlent, par conséquent propice à la divination. Ainsi beaucoup de jeunes filles espéraient avoir une indication du nom de leur futur mari, ou même si elles allaient se marier dans l'année: un anneau était caché dans un gâteau, (le brack) .
C'était aussi un jour d'abstinence: on ne mangeait pas de viande. Le festin donc se composait de colcannon (voir le billet sur la pomme de terre) ou autres plats de pommes de terre, des 'pancakes', des beignets de toutes sortes, aux fruits de saison: pommes, mûres, noix et noisettes.
Il n'était pas recommendé de voyager la nuit de Hallow E'en, de crainte de se faire emporter pas des esprits mauvais ou farceurs. On raconte qu'on pouvait entendre les fées dans les champs, et si d'aventure on croisait leur chemin, il fallait immédiatement prendre une poignée de poussière du chemin et cela obligeait l'esprit à libérer un mortel qu'il aurait kidnappé. Un couteau à poignée noire ou une grosse épingle pouvait aussi servir de protection.
Dans les campagnes, certains jeunes hommes en profitaient: ils allaient de ferme en ferme et jouaient des tours aux voisins, ils se peignaient le visage ou portaient un masque, se déguisaient, portaient des légumes-racines (grosses betterave, rutabaga) évidés avec une bougie à l'intérieur, et un visage grotesque découpé. Ils se disaient messagers d'un esprit quelconque. Les voisins, pour avoir la paix (et par superstition) leur donnaient alors des gateaux, des noix... Dans certaines régions on finissait la nuit autour d'un grand feu de joie, écho lointain des druides et de célébrations immémoriales.
Tout ceci a traversé l'Atlantique, et est revenu vers le vieux continent avec potirons, momies et films d'horreur...!
Décos dans le centre commercial, citrouille préparée, illustration du 19ème siècle, rutabaga à l'ancienne